• Miquel Barcelo - Terramare.

     

     

    Les histoires

     

    "Quand les termites auront dévoré les musées. Quand mes oeuvres seront réduites en poussière. Si quelque fragment doit survivre, être retrouvé, qu'il soit, j'en prie les cieux, une papaye ouverte ou la rondeur d'un ventre et surtout qu'ils gardent un peu de la chaleur (après si longtemps) de ce feu qui me brûle."

    Citation de Miquel Barcelo in Carnets de Ségou, 1994.

    Voila un artiste que j'ai découvert récemment lors de son expo "Terramare" aux journées du patrimoine à Avignon. 

     Miquel Bracelo partage sa vie entre Paris, Majorque (son île natale) et le Mali et il poursuit ses expérimentations autour des matériaux et de la temporalité selon les sites où il travaille: vif et rapide à Paris, ancestral en Afrique et immémorial quand il décide de s'associer à des préhistoriens dans les grottes de Chauvet, la "chapelle Sixtine de l'art pariétal" ou au chorégraphe Joseph Nadj pour créer "Paso doble" l'évènement du festival en 2006. 

    Souvent considéré comme appartenant au mouvement néo-expressionniste, le style de Miquel Barceló est à la fois associé au modernisme et au post-modernisme. Au Musée d'Art Contemporain de Madrid, les toiles de Pollock, De Kooning, Ryman et Cy Twombly l'attirent particulièrement. Il expérimente l'utilisation de grandes quantités de peinture sur des toiles, qu'il expose ensuite aux intempéries, afin que se produisent tout type de réactions spontanées-oxydations-craquelures qui mettent à nu les couches inférieures. Barcelo ne peint pas pour plaire aux autres mais pour s’exprimer, il englue son pinceau, empile les couches de pigments, puis gratte, griffe, racle la matière. Parfois il accroche ses tableaux au plafond, laissant la peinture libre d'inventer, en dégoulinant, formes et reliefs. Il combine et explore tous les matériaux méprisés auparavant, tous déchets minéraux ou animaux, restes d’insectes ou cadavres qu’il ranime en funèbres concerts. Il se livre aussi à des expériences plastiques les plus originales sur les couleurs, les matières comme ci dessous sur la série des termites. Pour cela il place ses toiles sous terre et laisse les termites faire leurs oeuvres pour ensuite poser son aquarelle délicatement et le résultat est absolument surprenant. 

    Mais Barcelo ce n’est pas que de la peinture, ce touche à tout provocateur est tour à tour sculpteur, céramiste, potier et comme dans ses toiles il va à l’extrême, malmenant les matériaux pour les modeler au bout de leurs possibilités en les laissant trop cuire, en les tordant, cassant ou en les laissant aux intempéries de la vie et de son expression. 

    Si la Collection Lambert propose une métaphore de l’antique « Mare Nostrum », ce monde réuni par la mer Méditerranée, c’est la « Terra Nostra » qui sera représentée à la chapelle du Palais des Papes, avec des bronzes en extérieur, éléphant géant en équilibre sur sa trompe sur le parvis du palais ou parterre de sculptures dans une cour intérieure, et des céramiques, des plâtres, des installations en terre cuite dans la Grande Chapelle du Palais.

    J’adore l’audace et la gourmandise de cet homme. Autant dire que le masque représentant une tête de poisson en terre cuite qu’il a osé fixer sur la tête du moulage d’Innocent VI au palais des papes a fait son effet et soulever autant de tollés que de cris admiratifs (cf l’affiche de l’expo). On ne peut rester indifférent devant son oeuvre mais rarement un artiste ne m’a troublé autant.

     Pour en savoir plus sur l’expo: http://www.avignon-barcelo.com/projetfr.htm

    Pour en savoir plus sur Barcelo:  http://fr.wikipedia.org/wiki/Miquel_Barceló

     

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    La grotte. 

     

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    Aubergine

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    Topografia3 - Série sur les termites.

     

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    Série consacrée aux albinos, si mal vus dans la société africaine. Son aspect fantomatique est dû à une technique que le peintre a récemment mise au point. "Je me suis souvenu d'un hippie qui, à Majorque, vendait des tee-shirts délavés, et j'ai appliqué de l'eau de Javel sur du papier noir."  

    "Ces portraits, je les ai travaillés avec de l’eau de Javel, cela enlève de la matière, seulement un petit peu. Sur ces tableaux, j’en ai rajouté et en regardant de près je me dis, c’est l’Himalaya ou c’est le Sahara. Les formes surgissent de manière aléatoire. Ma peinture est toujours une expérimentation. Je me donne la possibilité de rater. Soit je détruis, soit j’efface et je recommence, soit je plie, soit je brûle. Récemment, j’ai fumé des tableaux dans un four à céramique, comme des saumons. Parfois, je laisse glisser la peinture sur la toile en l’inclinant d’un côté ou de l’autre. Quand je la redresse, il y a des formes qui avancent horizontalement comme des vagues, qui se lisent comme l’écriture, de gauche à droite ou de droite à gauche. Il y a des choses cachées dans la peinture. Elles sont là, il suffit de les découvrir. Michel-Ange disait que la forme était à l’intérieur de ses blocs de marbre et qu’il suffisait de la faire apparaître à coups de ciseau. Dans la peinture, dans la matière, il y a toutes les formes. J’aime qu’elles soient là avant d’être nommées. Que des tomates apparaissent avant d’être nommées tomates."

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    Série sur la vie et la fuite du temps.

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    "J'ai un rapport charnel à la peinture."

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    Les animaux : "J’aime peindre et sculpter les animaux. Dans mon œuvre, l’homme n’a pas la place qu’il avait à la Renaissance. En art, les animaux sont souvent des figures sacrificielles, tout en bas de l’échelle. Par exemple, dans les tableaux de Véronèse, il y a les nobles qui mangent, les grandes dames, les servantes qui sont quand même bien habillées, les invités, les poètes et les musiciens, ensuite les nains, les Noirs et les animaux. Je les ai montés en grade. J’ai grandi à la campagne. Je vis encore avec des animaux. Je sais m’en occuper. J’ai une ferme à Majorque, des races autochtones, des moutons, des chèvres, des cochons, des pigeons, des dindons, des oies, deux ou trois chiens, quelques centaines de bêtes que je reconnais toutes. Mes parents étaient paysans. J’avais un oncle républicain très pauvre qui vivait caché et qui élevait quelques chèvres pour vendre leur lait. Il était presque muet. Dans le village, il y avait des crottes de chèvres. Je les suivais pour aller chez lui. J’adorais boire le lait chaud. Quand je raconte ça, on dirait que je suis né au XVIIIe siècle. J’ai des amis en Appenzell où ce rapport à la nature est encore vivant, l’alpage, les concours de beauté de vaches, c’est virgilien."

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    La chèvre façon Giacometti.

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    La mer et ses reflets.

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    L'écume du temps.

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    La pieuvre: Barcelo étant ambidextre, s'est servi de ses deux mains, et toujours sa recherche de peinture qui coule (non ce n'est pas un pliage).

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    Toujours dans la recherche ce tableau noir est du au fait qu'il l'a laissé très près d'une source de chaleur et il a travaillé "la brulure".

     

    "Je peins avec toutes sortes d’outils que je fabrique souvent moi-même ou que j’emprunte à la peinture en bâtiment, des pinceaux, de grosses brosses, des grattoirs comme ce grattoir à clous qui permet de travailler la terre glaise pour faire des lignes ou de labourer la surface peinte des tableaux. J’utilise souvent des balais de chiottes, cela enlève ce qui n’est pas bon, ça peint et ça dépeint. Comme l’eau de Javel dont je me sers, qui peut peindre et dépeindre elle aussi. Ces grosses brosses en soie, c’est pour balayer la surface. Et j’utilise une vraie panoplie artisanale pour les sculptures. Ceci, c’est un outil de tailleur de pierres que je vais utiliser pour un grand ours en plâtre. Cela, c’est un outil de tonnelier. En voilà un autre pour tailler les coques de bateaux. J’ai du matériel de cordonnier, un marteau de cheminot qui sert à fixer les traverses, un marteau de forgeron et même des instruments de sculpteur européens ou africains. L’usage de chaque outil est indiqué dans sa forme. Cette courbe, c’est celle du tonneau, celle-là de la coque des bateaux. Je me retrouve avec les instruments de dix métiers différents. Même s’il peut se servir des nouvelles technologies, notamment des ordinateurs, le peintre a hérité de tous ces outils de métiers disparus et il est le dernier à s’en servir."

     

     

    Barcelo au milieu de ses oeuvres dans la grande chapelle du palais de papes: video ARTE

     

    Extrait de Paso doble, performance éffectuée avec le chorégraphe Josef Nadj. 


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  • Commentaires

    1
    sissi100
    Samedi 1er Janvier 2011 à 02:28

    IL EST EPOUSTOUFLANT !

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