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    L'empire de la Honte de Jean Siegler (ed Fayard) Vidéo de la présentation du livre par Siegler.à voir pour ceux qui ont pas le courage de lire l'article^^.

    Résumé:

    "Nous assistons aujourd'hui à un formidable mouvement de reféodalisation du monde, à la mise en coupe réglée des peuples de l'hémisphère Sud par les grandes sociétés transcontinentales.
    Deux armes de destruction massive sont à l'œuvre : la dette et la faim. Par l'endettement, les Etats abdiquent leur souveraineté ; par la faim qui en découle, les peuples agonisent et renoncent à la liberté. Oui, c'est bien l'empire de la honte qui s'est mis subrepticement en place sur la planète. Jean Ziegler, qui témoigne ici d'une connaissance exceptionnelle du terrain, démonte cette formidable machine à broyer et à soumettre."

    Comment ne pas être honteux aprés avoir lu ce livre?
    Jean Siegler, rapporteur spécial sur le droit à l'alimentation de la commission de l'ONU pour les droits de l'homme, part au fil des pages, à l'attaque des "sociétés transcontinentales privées", dirigées par les cosmocrates. Les 500 plus puissantes d'entre elles ont contrôlé l'an passé 52 % du produit mondial brut, c'est-à-dire de toutes les richesses produites sur la planète.
    Accusées d'entretenir la famine, de détruire la nature et de subvertir la démocratie, elles étendent leur emprise sur le monde et veulent réduire à néant les conquêtes des Lumières.

    L'empire de la honte? Ce pourrait être cette emprise généralisée du sentiment de honte provoqué par l'inhumanité de l'ordre du monde. C'est aussi l'ordre meurtrier du monde, qui tue de faim et d'épidémie 100 000 personnes par jour, et qui ne provoque pas seulement la honte chez ses victimes, mais aussi chez nous, Occidentaux, Blancs, dominateurs, qui sommes complices de cette hécatombe, conscients, informés et, pourtant, silencieux, lâches et paralysés.

    Les cosmocrates sont au-dessus de toute loi. Les pays souverains aussi. Ils ont de nouvelles armes de destructions massives, la guerre préventive, la dette et la faim pour broyer et exploter ces peuples. On assiste a l'effondrement du droit international, même l'ONU est impuissante devant ses "seigneurs".
    Un ensemble complexe de mesures, immédiatement réalisable et que Sieglerdécrit dans son livre, pourrait rapidement mettre un terme à la faim.
    L'agriculture mondiale, dans l'état actuel de sa productivité, pourrait nourrir le double de l'humanité d'aujourd'hui. Il n'existe donc aucune fatalité: la faim est faite de main d'homme.

    Extrait de Siegler:

    Certains pays sont écrasés, dites-vous, par une "dette odieuse". Qu'entendez-vous par "dette odieuse" et quelles solutions préconisez-vous ?

    Jean Ziegler : Le Rwanda est une petite république paysanne de 26 000 km2, située sur la crête de l'Afrique centrale séparant les eaux du Nil et du Congo, et cultivant le thé et le café. D'avril à juin 1994, un génocide effroyable, organisé par le gouvernement hutu allié à la France de François Mitterrand, a provoqué la mort de plus de 800 000 hommes, femmes et enfants tutsis. Les machettes ayant servi au génocide ont été importées de Chine et d'Egypte, et financées, pour l'essentiel, par le Crédit Lyonnais. Aujourd'hui, les survivants, des paysans pauvres comme Job, doivent rembourser aux banques et aux gouvernements créanciers jusqu'aux crédits qui ont servi à l'achat des machettes des génocidaires. Voilà un exemple de dette odieuse. La solution passe par l'annulation immédiate et sans contrepartie ou, pour commencer, par un audit de celle-ci, comme le préconise l'Internationale socialiste ou comme l'a fait au Brésil le président Lula, pour ensuite la renégocier poste par poste. Dans chaque poste, il y a en effet des éléments délictueux – corruption, surfacturation, etc. - qui doivent être réduits. Des sociétés internationales d'audit, comme PriceWaterhouseCooper ou Ernst & Young, peuvent tout à fait s'en charger, comme elles se chargent, chaque année, de vérifier les comptes des multinationales.


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  • Sur toi.

    Juste parce que j'adore cette chanson de Zazie et que j'aurais adoré trouver ses mots.

    J'écris sur ce que j'endure
    Les petites morts, sur les blessures
    J'écris ma peur
    Mon manque d'amour
    J'écris du coeur
    Mais c'est toujours

    Sur ce que je n'ai pas pu dire
    Pas pu vivre, pas su retenir
    J'écris en vers
    Et contre tous
    C'est toujours l'enfer
    Qui me pousse

    A jeter l'encre sur le papier
    La faute sur ceux qui m'ont laissée
    Ecrire, c'est toujours reculer
    L'instant où tout s'est écroulé

    On n'écrit pas
    Sur ce qu'on aime
    Sur ce qui ne pose pas
    Problème
    Voilà pourquoi
    Je n'écris pas
    Sur toi
    Rassure-toi

    J'écris sur ce qui me blesse
    La liste des forces qu'il me reste
    Mes kilomètres de vie manquée
    De mal en prose, de vers brisés

    J'écris comme on miaule sous la lune
    Dans la nuit, je trempe ma plume
    J'écris l'abcès
    J'écris l'absent
    J'écris la pluie
    Pas le beau temps

    J'écris ce qui ne se dit pas
    Sur les murs, j'écris sur les toits
    Ecrire, c'est toujours revenir
    A ceux qui nous ont fait partir

    On n'écrit pas qu'on manque de rien
    Qu'on est heureux, que tout va bien
    Voilà pourquoi
    Je n'écris pas
    Sur toi
    Rassure-toi

    J'écris quand j'ai mal aux autres
    Quand ma peine ressemble à la votre
    Quand le monde me fait le gros dos
    Je lui fais porter le chapeau

    J'écris le blues indélébile
    Ça me paraît moins difficile
    De dire à tous plutôt qu'à un
    Et d'avoir le mot de la fin

    Il faut qu'elle soit partie déjà
    Pour écrire " ne me quitte pas "
    Qu'ils ne vivent plus sous le même toit
    Pour qu'il vienne lui dire qu'il s'en va

    On n'écrit pas la chance qu'on a
    Pas de chanson d'amour quand on en a
    Voilà pourquoi, mon amour
    Je n'écris rien
    Sur toi
    Rassure-toi

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  • Tanabata 七夕


    Le 7 juillet n’est pas un jour ordinaire au Japon, ce jour là on fête Tananata.

    Selon une légende, l’empereur céleste avait sept filles. La plus jeune, experte en tissage, était appelée la Tisserande (Shokujo ou Ori Hime 織姫). Assise chaque jour devant son métier elle tissait le ciel étoilé. Chaque jour l’arrangement du Ciel était un de ses chefs-d’oeuvre.

    Un jour, la princesse, qui s’ennuyait au Ciel descendit se promener sur terre. Là elle rencontra un jeune vacher que tout le monde surnommait le Bouvier Hikoboshi (彦星). Ils tombèrent immédiatement amoureux l’un de l’autre. Insatisfaite de sa vie solitaire au Ciel et de la surveillance sévère de son père, la Tisserande rêvait d’un amour passionné, d’un avenir heureux et d’une vie paisible. Elle décida donc de rester sur terre auprès de son compagnon le Bouvier. Ils formèrent alors un couple inséparable. L’homme travaillait aux champs et la femme tissait... Quelques années passèrent ; de leur amour un garçon puis une petite fille naquirent.

    Mais bientôt l’empereur céleste, mis au courant de la nouvelle vie de sa fille, entra dans une colère violente et envoya un génie chercher sa fille pour la ramener au Ciel. Séparée de son mari et de ses enfants, la princesse se mit à pleurer de douleur. Constatant la disparition de sa bien aimée, le Bouvier plaça ses enfants dans deux paniers aux deux bouts d’une planche et partit à sa recherche. Mais au moment où il s’apprêtait à rattraper son épouse captive d’un génie céleste, la femme de l’Empereur apparut et fit naître d’un geste de la main une rivière large, profonde et aux eaux tumultueuses qui stoppa l’avancée du Bouvier.

    Très affligé, ce dernier ne voulut pas quitter le bord de la rivière. Et sur la rive opposée, la Tisserande ne cessait pas de verser des larmes, restant sourde aux injonctions répétées de son père de reprendre son travail de tissage céleste. Devant tant d’obstination, l’empereur fit une concession : il permit à sa fille de retrouver son amant une fois l’an.

    Depuis, chaque année, le septième jour du septième mois du calendrier lunaire, les pies célestes forment une passerelle provisoire au-dessus de la Voie Lactée (Ama no gawa), sur laquelle les amants stellaires : Véga (la Tisserande) et Altaïr (le Bouvier), renouvellent leur serment d’amour. On dit qu’à l’aube de ce jour, il bruine souvent ; ce sont les larmes de la princesse Véga qui, serrant ses enfants contre elle et tenant tendrement la main de son mari, pleure tristement. Leur séparation tragique émut tout le monde et attira la sympathie de chacun. C’est pourquoi, chaque année, le septième jour du septième mois du calendrier lunaire, beaucoup de gens restent veiller dehors pour contempler longuement dans le ciel les deux constellations Véga et Altaïr qui, ce jour-là, semblent se rapprocher au-dessus de la Voie Lactée.

    C'est pour ça que ce jour là on attache un tanzaku (bande de papier) ou on écrit un voeu. On dit que Orihime et Hikoboshi feront que ces voeux deviendront réalité. Vers minuit ou le jour suivant, les bambous qui a ont été décorés sont jetés dans un fleuve ou brûlés pour que les voeux se réalisent et toutes les jeunes filles espèrent trouver un amoureux aussi fidèle et aimant que le bouvier...



    Ce qui suit est, dans sa traduction française, le poème qui évoque cette légende, dans le Manyôshû, la première compilation de poèmes réalisée à la période de Nara (710 - 784). Elle a été réunie par Ôtomo no Yakamochi vers 759 ou 760; elle comprend 4 516 poèmes.


    Le Bouvier
    Et la Fileuse
    Se font face sur la rivière
    Lisse comme une fine natte
    Depuis le temps où sont séparés
    Le ciel et la terre.
    Leur amour
    Ne connaît pas de repos
    Leurs lamentations
    Ne leur laissent pas de répit,
    Par les flots bleus
    Leurs désirs sont réduits à néant,
    Dans les nuages blancs
    Leurs larmes sont taries.
    En cette situation
    Ils ne peuvent que soupirer.
    En dépit de tout
    Ils s’aiment l’un l’autre.
    Que n’a-t-il une petite barque
    Peinte en rouge,
    Que n’a t-il des avirons
    Garnis de gemmes
    Pour traverser
    Quand vient le matin,
    Pour ramer vers elle
    Avec la marée du soir ?
    Au bord de la Voie lactée
    Eternelle
    Elle étendrait son écharpe
    Qui vole à travers le ciel.
    Les beaux bras
    Aux beaux bras se mêleraient,
    Que de nombreuses nuits
    Ils voudraient dormir ensemble
    Même quand ce n’est pas l’automne.

    Man.VIII ; 1520


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