• Aux tours des flots troubles


    J'ai voulu ce petit coin pour partager ce qui me tient le plus à coeur. La poésie des mots, la musique des sentiments, les couleurs de la vie, mes joies, mais aussi mes réflexions, mes rêveries, mes révoltes, mes ronchonnements qui peuvent être nombreux hélas ^^.
    Ecrire aussi la futilité, le dérisoire, tout ce qui passe par là.

    Vous trouverez dans la rubrique peinture tous les artistes que j'adore, principalement japonais mais aussi syriens, africains etc.

    Le coin humeur du jour est consacré  aux livres, musiques qui m'ont enchantés, à l'actualité, à tous les évenements qui m'ont touché ou qui m'ont irrité...

    Le coin les histoires est l'endroit où je me prends pour une aventurière à travers mes héros.

    Et mes peinturlurages... est il besoin de préciser?

    Vous êtes les bienvenus dans mes passions et n'hésitez pas à y prendre part, je vous lirai avec plaisir.


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  • Je viens de finir "Confidences à Allah" de Saphia Azzeddine, en prévision des spectacles que je vais aller voir pendant le festival d'Avignon. La pièce mise en scène par Gerad Gelas du théatre du Chêne noir est un véritable ovni et occupe tous les papotages de la cité des papes. Enfin c'est surtout la merveilleuse Alice Belaïdi qui s'est appropriée le rôle de Jbara qui illumine les planches. Devant autant de critiques émmerveillées ma curiosité a bien sur été titillée mais vu que le spectacle se joue au petit théatre Montparnasse sur Paris en ce moment, j'ai fait patienter mon envie avec le livre.

    Je voulais en faire un résumé mais je viens de lire un trés bel article dans le nouvel obs qui le fera mieux que moi: (Vous pouvez le lire en intergralité )

    "Ca lui fait une belle jambe, à sa Jbara, d’être belle, puisquelle ne le sait pas et qu’on ne dit pas ces choses là chez elle, c'est-à-dire dans le trou du cul du monde, à Tafaflit, où ell est née. Son père la trouve travailleuse : il a raison. Si l’on excepte une petite faiblesse : elle aime de délicieux yaourts à la grenadine. Les Raïbi Jamila. Elle a 16 ans, pour en obtenir, elle se donne en cachette à Miloud, un berger cradingue comme les autres qui habite à une cinquantaine de kilomètres de là. « Lui il gémit comme un porc. Il a vraiment l’air idiot. Heureusement, il est derrière, je ne le vois pas trop. Sauf un jour, je me suis retournée. » Elle a eu un fou rire en le voyant. Mais « il a continué à me baiser comme un chameau en transpirant des couilles ».

    Pas question d’y éprouver du plaisir : elle n’est pas là pur ça, mais pour son Raïbi Jmaila. Quand il termine, « j’ai comme du lait tourné qui coule entre mes cuisses. Après, ça sèche entre mes poils, c’est désagréable. Je ne sais pas qu’on dit du sperme. » Tandis que le lait tourné, elle connaît. Et elle précise : « Je ne vais pas mettre de la poésie là où il n’y en a pas. Je vous dis que je suis pauvre. La misère, ça pue du cul. Et le cul de Miloud, il n’a jamais connu l’eau. »

    Un jour une valise rose tombe du car de Belsouss qui passe tous les jours sans s’arrêter. Jbara la barbote. Dans elle trouve tout un attirail de petites tenues affriolantes pour touriste américaine friquée : des trucs de pute pour une petite sauvageonne marocaine. Et quelques gros billets. Merci Allah. Elle est enceinte et ne parvient pas à le dissimuler : elle vomit trop. Quand son père, ce con, l’aura bien battue et chassée, parce qu’elle est une traînée, une fille du diable, une pécheresse, elle sautera dans le car pour la ville, pour se retrouver, moyennant une gâterie au serveur, qui pue lui aussi, femme de ménage dans un bouiboui. Et quand elle se fait avorter seule sur un terrain vague et qu’elle abandonne son enfant à peine sorti de son ventre, pas un mot à Allah : il sait, Lui qui sait tout, qu’elle ne peut pas faire autrement. Beaucoup d’humains ne pardonneraient pas cet assassinat silencieux. Lui, il peu. Parce qu’il sait à quel point elle souffre.

    Une chambre pour dix fellations par mois : Jbara améliore bientôt son ordinaire en allant parfois faire une passe dans une maison du souk. Elle s’y rend voilée de son lizar, le drap qui couvre tout entières les femmes dans la rue. Dessous, elle est libre. Même d e porter des strings de couleur. Merci Allah. De là, la voila bonne à tout faire dans une bonne famille du cru, où le fils aîné abuse évidemment d’elle..."


    On pourrait penser que ce livre est une critique un peu facile de la socièté marocaine mais loin de là. Il raconte "l'histoire" de Jbara petite bergère, pas l'histoire "des" bergères mais juste la sienne, avec ses révoltes et sa soif de liverté, et Allah qui est son unique confident. Rien d'irrespectueux malgré le langage cru mais beaucoup de sincérité et d'amour, beaucoup de vérités non voilées, qu'on voudrait bien ignorer pour ne pas casser la bonne morale mais qui hélas existent. Et puis beaucoup de tendresse, un regard parfois naïf mais incisif, des choix de survie, enfin une jeune femme vraie et sans détour.

    Ce livre est fait pour le théatre et je suis impatiente de voir vivre Jbara.


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  • Derrière l'image


    C'est étrange le regard qu'on peut avoir sur les choses et sur les gens. Il est toujours plein de nos préjugés. Il y a 2 jours mon frère et moi sommes allés manger dans un petit resto qui avait un petit groupe de musique soul. A coté de nous il y avait un couple, déjà très âgé, qui avait mille gestes de tendresse vraiment touchant. A un moment le groupe a joué "Georgia on my mind", et ils se sont levés pour aller danser. Le porte-feuille de la dame est tombé et s'est ouvert sur une vieille photo noir et blanc d'un jeune homme en maillot de bain tout à fait bel homme, au regard coquin et rieur. J'ai ramassé le porte feuille et j'ai attendu qu'elle revienne pour le lui rendre et là elle m'a dit dans un sourire tout amoureux, "c'était Armand quand il était jeune, on a bien changé depuis^^. On a parlé longtemps, de la vie, de l'amour, du corps qui vieilli et de plein de choses et quand je suis rentrée chez moi mon esprit était en pleine ébullition. Trop de questions se bousculaient et peu de réponses venaient les apaiser.

    On a toujours tendance a ne voir que des "vieux" (et le mot n'est pas au sens péjoratif) quand on a des personnes âgées en face de nous. Il est difficile de les imaginer jeunes, et d'imaginer qu'ils aient pu être jeune un jour, comme s'ils étaient nés âgés. Me dire que cette femme avait été petite fille, ado, et femme, qu'elle avait eu les mêmes rêves que moi, les mêmes désirs, les mêmes peurs, qu'elle avait vécu des moments de joie, de folie, comme nous pouvons les vivre m'était difficile.
    Je me suis demandée si l'esprit, ou ce qui fait l'essence de nous, ce qui fait que nous sommes ce que nous sommes, vieillissait avec le temps et le corps. Même s'il évolue avec l'age il ne devient hélas pas vieux. Au fond de toute mamé il y a toujours la femme ou jeune fille qui est là, il y a toujours celle qui a envie de sauter et grimper aux arbres, celle qui peut être amoureuse et aimer. Mais comment fait cet esprit une fois que le corps ne veut plus suivre, une fois que le corps ne peut plus sauter. Comment doit on vivre ça quand on est prisonnier d'un corps qui ne veut plus répondre?
    L'échéance a 20 ans semble loin, presque même improbable, on a du mal a se dire je serai comme ça un jour ou si on se le dit on le pense avec nos 20 ans donc difficile a réaliser.

    J'ai passé le reste de la soirée a l'écouter me raconter comment ils s'étaient rencontrés pendant la guerre, tout ce qu'ils avaient fait, et elle racontait ça avec une telle conviction, avec une passion au fond de la voix que j'en suis restée scotché a ses lèvres. C'est facile avec le recul de dire " ah moi j'aurai fait ça ou ça" mais quand on vit ces moments de peurs que fait on exactement?

    Je repensais au film "Hauru no Ugoku Shiro" (le château ambulant) de Miyazaki, quand Sophie reçoit le sort de la sorcière des landes, qui la transforme en vieille femme de 90 ans alors qu'elle n'en a que 18. Tout d'un coup elle a des courbatures et ne peut plus courir. Toute l'analyse entre l'être et le paraitre, et est ce qu'on peut voir 'l'être'" derrière ses rides est merveilleuse dans ce film..

    La plus belle phrase de cette dame et qui m'a amené a tout reflechir etait:
    Nous aurions été copines si nous avions eu 20 ans en même temps...

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  • God save america


    C'était a la fin du journal télévisé de je sais pus quelle chaine il y a quelques mois... Un présentateur la mine gourmande qui venait juste de remplir notre assiètte de son lot quotidien d'informations insignifiantes ou horribles, prit soudain un air très grave pour nous annoncer que tout ce que nous venions de voir et d'entendre au cours de ce journal était du pipi de chat a coté de la gaterie qu'il nous avait gardée pour le dessert.
    On se demandait déjà quel coup tordu avait bien pu germer dans les cerveaux malades de Bush, Poutine ou Sarkozy, quand transportés aux US par la grâce d'une envoyée spéciale toute frétillante, on vit 2 pauvres bougres qui se tortillaient mal à l'aise, menottes aux poignets face a une horde de journalistes déchainés.
    Les 2 hommes plutôt agés, trés pauvrement vetus et dont le visage trahissait une vie de misère, s'étaient rendus coupable d'un crime monstrueux digne du tribunal de Nuremberg: Ils avaient ces 2 saligots tenté de toucher la prime d'invalidité de 300 dollars d'un troisième larron dont ils partageaient la vie de misère.
    Ils s'étaient d'abord présentés seuls au guichet des services sociaux, en pretextant une "légère indisposition" du bénéficiaire. L'employé méfiant (300 dollars c'est quand même une somme^^) les avait envoyés ballader.
    Sans doute faut il louer la vigilence de cet honnete employé, serviteur de l'état américain car les 2 bougres cachaient en fait un "gros" secret. Leur vieux pote etait mort de sa belle mort la veille au soir, et les 300 dollars guettés chaque mois par le trio leur passaient, a un jour prés sous le nez!...c'était trop bête!

    A ce moment du reportage, le suspense était à son comble. Qu'avaient donc inventé ces 2 canailles pour s'emparer du magot? Le monde entier allait être témoin de l'incroyable âpreté au gain de ces salauds de pauvres! Ceux ci, sans doute inspiré par le diable, ne trouvèrent rien de mieux que revenir avec le cadavre dans une chaise roulante jusqu'au bureau d'aide sociale.
    Aussi bien maquillé que Sarkosy dans ses grands jours, bien emmitouflé dans un peignoir, coiffé d'un bonnet de nuit et caché derrière des lunettes noires, notre cadavre était a subir son ultime examen de passage...
    Grace au ciel, il en fallait plus pour tromper la vigilance de notre fonctionnaire d'êlite, assisté de policiers, de journalistes, de photographes et de cameramen. Prié de décliner son identité, le cadavre se contenta de glisser sur le coté en decouvrant une cuisse maigre et une zézette frippée. Nos 2 bougres tentèrent alors un repli stratégique, rapidement stoppé par des policiers bien nourris et dans la fleur de l'âge...

    La loi resta la plus forte, les 300 dollars pouvaient prendre le chemin de l'Irak pour soutenir l'effort de guerre américain. Je saurais pas dire pourquoi mais de toutes les informations insignifiantes ou horribles dont on nous avez gavés ce jour là celle là m'a rendu aussi triste que celle du chomeur français mort de froid dans sa voiture pour ne pas avoir osé avouer a sa famille qu'il avait perdu son job de veilleur de nuit.

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  • Peut être que cette chanson prend tout son sens dans ma vie mais si elle pouovait changer le regard des autres...

    Sixième sens - Grand corps malade.



    La nuit est belle, l'air est chaud et les étoiles nous matent
    Pendant qu'on kiffe et qu'on apprécie nos plus belles vacances
    La vie est calme, il fait beau, il est 2 heures du mat'
    On est quelques sourires à partager notre insouciance
    C'est ce moment là, hors du temps, que la réalité a choisi
    Pour montrer qu'elle décide et que si elle veut elle nous malmène
    Elle a injecté dans nos joies comme une anesthésie
    Souviens-toi de ces sourires, ce sera plus jamais les mêmes
    Le temps s'est accéléré d'un coup et c'est tout mon futur qui bascule
    Les envies, les projets, les souvenirs, dans ma tête y'a trop de pensées qui se bousculent
    Le choc n'a duré qu'une seconde mais ses ondes ne laissent personne indifférent
    « Votre fils ne marchera plus », voilà ce qu'ils ont dit à mes parents
    Alors j'ai découvert de l'intérieur un monde parallèle
    Un monde où les gens te regardent avec gêne ou avec compassion
    Un monde où être autonome devient un objectif irréel
    Un monde qui existait sans que j'y fasse vraiment attention
    Ce monde-là vit à son propre rythme et n'a pas les mêmes préoccupations
    Les soucis ont une autre échelle et un moment banal peut être une très bonne occupation
    Ce monde là respire le même air mais pas tout le temps avec la même facilité
    Il porte un nom qui fait peur ou qui dérange : les handicapés
    On met du temps à accepter ce mot, c'est lui qui finit par s'imposer
    La langue française a choisi ce terme, moi j'ai rien d'autre à proposer
    Rappelle-toi juste que c'est pas une insulte, on avance tous sur le même chemin
    Et tout le monde crie bien fort qu'un handicapé est d'abord un être humain
    Alors pourquoi tant d'embarras face à un mec en fauteuil roulant
    Ou face à une aveugle, vas-y tu peux leur parler normalement
    C'est pas contagieux pourtant avant de refaire mes premiers pas
    Certains savent comme moi qu'y a des regards qu'on oublie pas
    C'est peut-être un monde fait de décence, de silence, de résistance
    Un équilibre fragile, un oiseau dans l'orage
    Une frontière étroite entre souffrance et espérance
    Ouvre un peu les yeux, c'est surtout un monde de courage
    Quand la faiblesse physique devient une force mentale
    Quand c'est le plus vulnérable qui sait où, quand, pourquoi et comment
    Quand l'envie de sourire redevient un instinct vital
    Quand on comprend que l'énergie ne se lit pas seulement dans le mouvement
    Parfois la vie nous teste et met à l'épreuve notre capacité d'adaptation
    Les 5 sens des handicapés sont touchés mais c'est un 6ème qui les délivre
    Bien au-delà de la volonté, plus fort que tout, sans restriction
    Ce 6ème sens qui apparaît, c'est simplement l'envie de vivre.


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